Si Gelinotte fut la jument des années 50 , Roquépine fut celle de la décennie suivante , la plus grande jument de l’histoire même disent certains , elle remporta les Prix d’Amérique 66-67-68 , succédant à la championne de Roger Massue - Ozo ( qui mériterait aussi un sujet)
Comme pour Gélinotte , plus encore peut être , la célébrité de Roquépine a traversé les murs des champs de courses et de la renommée , le grand publique 50/60 ans après connait encore son nom , cette popularité est l’apanage des stars historiques du trot , moins maintenant sans doute , Général du Pommeau , 20 ans avant, est le dernier exemple de trotteur connu et populaire , je ne pense pas que Ready Cash , star des pistes et du haras et ses 2 fils , Bold et Face Time , trotteurs monstrueux, soient connus au delà du monde des courses hippiques
Voici l’histoire de Roquépine :
« De toutes les reines du trotting, Roquépine fut sans doute la plus sensationnelle. Roquépine n’aimait ni les caresses ni les flatteries ni les gourmandises, ni même la compagnie des hommes.
En deux mots : elle était insensible à tout et ne savait que trotter, tant et si bien qu’elle gagna trois fois le Prix d’Amérique (comme seule Uranie avant elle), deux fois le Championnat du monde (International Trot) à New York, deux fois le Grand Circuit International Européen, deux fois l’Elitloppet de Solvalla, deux fois le Grand Critérium de Vitesse de Cagnes, deux fois le Prix de l’Atlantique à Enghien, ainsi que le Grand Prix de la Loterie de Naples et le Grand Prix des Nations à Milan, soient au total 46 victoires et 4 713 760 francs de gains.
Cette fille d’Atus II et de Jalna IV, née le 8 avril 1961, s’est éteinte en 1975.
Elle est la mère de deux étalons fameux, Florestan et Granit, l’un par Star’s Pride, l’autre par Ayres, mais aussi de la championne Hague, qu’elle eut de son union avec le grand chef de race Kerjacques.
Contrairement à ce que l’on aurait voulu, ce n’est pas Roquépine qui a donné son nom à la rue Roquépine, près de la rue d’Astorg, où se tient le siège de la Société d’Encouragement à l’Elevage du Cheval Français (qui gère les courses au trot en France) mais l’inverse.
Roquépine naquit le 8 avril 1961, dans la Manche, chez son éleveur propriétaire et entraîneur, Monsieur Henri Levesque.
Comme Icare IV, La Champagne, Masina, Oscar RL, Quovaria avant elle, mais encore davantage, elle va donc contribuer à rendre célèbre la casaque jaune à croix de Lorraine, brassards et toque noirs de l’écurie Levesque.
Elle débute à Vincennes, assez tardivement, le 2 mai 1964. Cette année-là, elle tente sa chance au monté, dans le classique Prix de Vincennes, mais elle est battue par Rio.
Lorsqu’elle remporte sa première grande victoire, le classique Critérium des 4 ans, en 1’22’’5, devant Robert P et Rex Grandchamp, elle n’a couru que 12 fois.
Elle ajoute à son palmarès le Critérium Continental, puis le Prix Marcel Laurent.
C’est en 1966 qu’elle va devenir une jument de légende, l’année où elle remporte son premier Prix d’Amérique, en 1’18’’6, devant la championne américaine Elma, Quérido II, que suivent Petit Amoy F (rétrogradé de la 3e place), Dashing Rodney, Pick Wick, Queronville LB…
Mais elle joue de malchance dans le Prix de France et est battue par Quérido II, qui gagne aussi le Prix de Paris.
Roquépine, pour sa part, remporte l’Elitloppet à Stockholm, en 1’15’’3, devant Quioco et Cheer Honey, le Championnat International du Danemark, à Copenhague, devant Pick Wick et Apex Hanover, et sept courses en France, dont le Prix Jockey, le Critérium des 5 ans et le Prix de l’Etoile, devant les meilleurs 3 ans du moment, Toscan et Tabriz.
Elle conclut l’année en beauté en enlevant aussi le Grand Prix des Nations à Milan, en 1’18’’4, devant Nimble Boy et Marengo Hanover.
Mais elle a été battue par Raskolnikov Z dans le Prix Ovide Moulinet ; puis par son compagnon d’écurie Oscar RL dans le Grand Prix de Bavière de Munich ; à New York, par la jument canadienne Armbro Flight, dans le Championnat du Monde (Roosevelt International Trot), et par le jeune Toscan, un champion prometteur, auquel elle rendait 50 mètres, dans le Prix Marcel Laurent.
Le 16 janvier 1967, elle remporte le Prix de Bourgogne, en 1’19’’2, devant Rex Grandchamp et Quérido II.
Elle s’annonce imbattable dans le Prix d’Amérique 1967, et Henri Levesque choisit de la driver, tandis qu’il confie le vaillant petit Oscar RL à Jean-René Gougeon.
C’est le triomphe de l’écurie Levesque, qui place ses deux représentants aux deux premières places. Jean-René Gougeon a rejoint Henri Levesque pour lui tendre la main, juste après le passage du poteau, geste qui symbolise une belle réussite.
Roquépine a signé sa victoire en 1’19’’7, sans forcer son talent, pour s’imposer devant son compagnon d’écurie Oscar RL, que suivent City Lights, Petit Amoy F, Quérido II, Fiesse, Pick Wick, Quibus V…
A Cagnes-sur-Mer, Roquépine remporte son premier Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur, en 1’16’’5, devant Petit Amoy F et Quarina. Elle s’impose aussi à Enghien, dans le Prix de l’Atlantique, en 1’17’’5, devant Seigneur et Pick Wick.
Puis elle s’en va rayonner à travers l’Europe dans un périple victorieux ; elle gagne ainsi son deuxième Elitloppet, à Solvalla, près de Stockholm, en 1’15’’1, devant Spin Speed et Lansing Hanover, puis s’impose à Naples, dans le Grand Prix de la Loterie Nationale, en 1’16’’4, devant Lansing Hanover et Short Stop. Toujours en Italie, elle gagnera aussi le Grand Prix de la Foire Internationale de Milan, devant Lansing Hanover et Pick Wick, le Grand Prix de la Flèche d’Europe à Naples, devant Pick Wick et Lansing Hanover, le Grand Prix de la Côte d’Azur à Turin, devant les mêmes Lansing Hanover et Pick Wick. Mais elle échoue à Rome, contre Dahing Rodney, dans le Grand Prix du Lido di Roma. (C’est ce même Dashing Rodney, qui s’est fait connaître en France en étant le premier à inscrire son nom au palmarès d’un nouveau tournoi international : le Prix René Ballière – Championnat Européen, devant Roquépine, justement, et le jeune Toscan, en 1967).
Roquépine traverse alors l’Atlantique et remporte à New York le premier de ses deux titres de championne du monde dans le Roosevelt International Trot, qui lui a échappé de peu, au profit de la jument canadienne Armbro Flight, en 1966. (Mais elle devançait le favori, que les Américains jugeaient « imbattable » : Noble Victory).
Cette fois, en trottant sur le pied de 1’21’’1, sous la pluie battante, Roquépine a eu raison d’une autre championne canadienne, la fameuse Fresh Yankee, alors qu’un autre trotteur canadien, Governor Armbro se classe troisième.
Après Jamin, elle est le deuxième trotteur français à offrir à la France ce titre « pompeux » de champion du monde, car, bien que français de naissance, Hairos II s’était imposé sous couleurs hollandaises et Pluvier III sous couleurs suédoises. C’est donc la deuxième fois que la Marseillaise retentit à New York à l’occasion du Championnat du Monde des Trotteurs, cette fois grâce à Roquépine.
Elle conclut en tête du Grand Circuit International, qui avait été annulé en 1966, s’octroyant ainsi le premier de ses deux titres de championne d’Europe.
L’année 1968 sera pour Roquépine la répétition de l’année 1967. Rejoignant dans la légende son arrière-grand-mère Uranie, elle s’octroie un troisième Prix d’Amérique, cette fois en 1’19’’1, devant Tony M, Tabriz, Quérido II, Short Stop, Pluvier III, Oscar RL…
Mais elle a eu la chance de ne pas affronter Toscan, blessé, qui s’annonçait redoutable, comme on peut en juger par la prestation de ses dauphins, Tony M et Tabriz.
Elle gagna son deuxième Grand Critérium de Vitesse, à Cagnes, en 1’15’’3, devant la championne Eileen Eden et Seigneur, puis son deuxième Prix de l’Atlantique à Enghien, en 1’18’’7, devant la même Eileen Eden et Short Stop.
Cependant, à Naples, elle est battue dans la finale du Grand Prix de la Loterie Nationale, par Eileen Eden, sa grande rivale de l’année, qui gagnera aussi l’Elitloppet de Stockholm.
Roquépine renoua avec la victoire à Milan, dans le Grand Prix de la Foire Internationale, prenant ainsi sa revanche sur Eileen Eden, et battant à nouveau Lansing Hanover. Elle s’impose à Naples, où elle bat encore Eileen Eden, cette fois dans le Grand Prix de la Flèche d’Europe ; à Rome, toujours devant Eileen Eden, dans le Grand Prix du Lido di Roma ; à Turin, où cette fois les deux championnes durent partager la victoire dans un dead-heat historique ; à Bologne, dans le Grand Prix de la Victoire, devant Be Sweet et Bernadet Hanover ; de nouveau à Rome, dans le Grand Prix de Rome, que Roquépine remportait devant Agaunar et Eileen Eden, troisième cette fois ; puis finalement à Milan, où elle renouvela sa victoire de 1966, dans le Grand Prix des Nations, qu’elle signait en 1’16’’5, devant Eileen Eden et Roitelet SS.
On comprend mieux pourquoi Roquépine avait succédé à Tornese dans le cœur des tifosi.
Elle retourna également à New York pour renouveler sa victoire de l’an dernier dans le Championnat du Monde des Trotteurs, le Roosevelt International Trot 1968, qu’elle remporta, en 1’18’’7, devant Kentucky Fibber et Fresh Yankee.
Elle devait gagner aussi en Belgique, à Kuurne, le Grand Prix Martini, le 27 octobre 1968, en 1’18’’9, devant Angeline et Petit Amoy F.
Bien sûr, elle fut encore championne d’Europe pour avoir terminé en tête du classement dans le Grand Circuit International 1968.
En 1969, Roquépine, maintenant âgée de 8 ans, accusa un sérieux « coup de vieux » face à la jeune élite des Upsalin, Une de Mai, Toscan, Tidalium Pélo, qui la devancèrent dans le Prix d’Amérique.
Heureusement, Upsalin était son compagnon d’entraînement et aussi son camarade d’écurie : il put ainsi la suppléer, en donnant à Henri Levesque un cinquième Prix d’Amérique.
Roquépine réussit à se classer troisième du Prix de France, qui ne lui avait jamais réussi, derrière Tidalium Pélo et Une de Mai, ce qui fut l’une de ses dernières performances honorables avec sa deuxième place entre Une de Mai et Toscan dans le Prix de l’Atlantique d’Enghien.
Elle entra au haras, chez son propriétaire Henri Levesque, qui organisa pour elle « trois mariages historiques » : le premier avec Star’s Pride, l’étalon du siècle aux Etats-Unis, qui lui donna Florestan ; le deuxième avec Ayres, le propre fils de Star’s Pride, dont elle eut Granit ; le troisième avec Kerjacques, l’étalon du siècle en France, avec lequel elle conçut la championne Hague.
Parce qu’ils avaient un père américain, Florestan et Granit furent obligés de courir à l’étranger, sous les couleurs d’Henri Levesque. Ayant été acquis en finale par les Haras Nationaux, ils devinrent eux aussi d’excellents étalons et purent exercer en France. »
Roquépine mourut en 1975, riche de 4 713 760 F. Mais son souvenir lui n’est pas près de s’éteindre.