Provinces Course - Meeting d’hiver de Vincennes 2017/2018: ce sera dur de faire mieux !
Le 27 octobre 2017 - par
François Hallopé
Alors que le meeting d’hiver débute ce jeudi 2 novembre et que la première course qualificative au Prix d’Amérique aura lieu le dimanche 18 (Prix de Bretagne), la première question venant à l’esprit est simple : va-t-on assister à un cru aussi passionnant que l’an dernier ? Ce n’est pas gagné d’avance et ce, pour de nombreuses raisons.
La première est bien simple. Il y a douze mois, la dramaturgie avait été parfaite, avec pour commencement la défaite inattendue de Bold Eagle, face à Traders. Le meeting a ainsi démarré sur une part d’interrogations. On connaît la suite : le fils de Ready Cash a aligné cinq victoires d’affilée sur la cendrée du Plateau de Gravelle, réussissant les trois levées Amérique/France/Paris et rejoignant Bellino II (1976), même si ces deux exploits n’ont rien de comparable. A cette époque, en effet, il y avait encore des rendements de distance dans le Prix de Paris, ce qui est à l’avantage du colosse, né en Savoie. En revanche, on n’allait pas aussi vite, et Bellino II n’avait pas affolé les aiguilles du chrono dans le Prix d’Amérique, contrairement à Bold Eagle, titulaire d’un nouveau record (1’11’’2). Cette montée en puissance jusqu’au couronnement du GP de Paris a donc permis d’assister à un véritable feuilleton, d’autant plus passionnant que Franck Nivard, appliquant les ordres du clan Guarato/Pilarski, s’est à chaque fois offert le luxe d’attendre les 600 derniers mètres pour lâcher les gaz, avec toute la part d’incertitudes liées à ce genre de tactique.
La Triple Couronne ayant été décrochée en 2017, elle n’aura pas le même écho si Bold Eagle réalise un récital identique cet hiver, d’autant que l’on ne voit pas poindre, côté français, un adversaire à la hauteur de son talent dès cet hiver. Sur ses adversaires de l’an dernier, seule Belina Josselyn, au top de sa forme, est capable probablement de le titiller sur une course, comme le Prix d’Amérique. Cela dit, le mâle dispose d’une marge de manœuvre, restant encore conséquente. Chez les plus jeunes ? Un seul d’entre eux émerge à présent : Carat Williams, dont ne connaît pas encore les limites, seul son entraîneur, Sébastien Guarato ayant certainement une petite idée sur la question. A le voir trotter et à disséquer toutes ses courses de 2016/2017, le fils de Prodigious ne paraît pas toutefois du même bois que son compagnon d’écurie. Il devra par ailleurs relever deux handicaps supplémentaires : découvrir les combats face aux « vieux » et compenser un manque d’expérience, ayant très peu couru et étant encore peu maniable. Sans aucun dénigrement de notre part, les Bird Parker, Voltigeur de Myrt, Akim du Cap Vert, Anna Mix, Amiral Sacha, Valko Jenilat, Billie de Montfort, Charly du Noyer et consorts sont, de leur côté, un ton en-dessous, en classe pure. C’est dire si Timoko, qui tenta crânement sa chance dans le Prix d’Amérique 2017 en courant pour le gagner, va nous manquer sachant qu’Up And Quick est, de son côté, sorti de l’entraînement, remarque également valable pour Briac Dark qui avait été l’une des révélations du dernier meeting. Chez les « D », on ne voit pas en effet Django Riff affronter les vieux dès cet hiver, d’autant qu’il bénéficie, comme tous les éléments de cette génération, d’un programme fermé, tout comme Draft Life, Dawana ou bien Darling du Reux les trois meilleures pouliches de la génération, mais encore Drôle de Jet, dont on espère une confirmation de son talent après son succès dans le GP de l’UET. Evidemment, on peut s’attendre tout de même à des surprises sous forme de révélation (Uniflosa Bella, selon la bonne vieille méthode Marmion) ou de retour au premier plan (et si Cobra Bleu se retrouvait pleinement ?) mais cela sera sans doute insuffisant pour faire trembler le « roi ».
Si les règles actuelles de notre programme étaient moins stupides et nos dirigeants moins obscurantistes, laissant croire que le Prix d’Amérique reste une épreuve de sélection (!), une revanche entre Bold Eagle et Aubrion du Gers aurait donc été pour le moins bienvenue. En ne voulant pas comprendre l’évolution de tous les sports qui se servent systématiquement de têtes d’affiche pour promouvoir leur business respectif, combien de temps se fera-t-on encore hara-kiri ? Dernière hypothèse pour notre « locomotive » Bold Eagle : que le danger arrive de l’étranger, en particulier du clan Reden, de plus en plus axé sur l’argent distribué à Vincennes dans les meilleures épreuves. Imaginons donc qu’un visiteur scandinave supplée Aubrion du Gers et batte l’idole du trot français, le dernier dimanche de janvier ? Ce serait boire, alors, le calice jusqu’à la lie…
Mais peut-être faudra-t-il qu’on en arrive là, pour décider -enfin- de faire bouger les lignes !