VINCI PIERJI, PREMIER CHEVAL, PREMIER VAINQUEUR DE CYRIL SEVESTRE
« À la maison, on ne vit que pour ça ! »
Quand le marteau tombe
pour une enchère de
30 000 € pour un mâle
de 2 ans (qualifié) par
Meaulnes du Corta, et dont la
mère est une fille de la fameuse
Brettia en ce jeudi d’octobre 2011
à Cabourg, Cyril Sevestre est à
mille lieues d’imaginer ce que lui
réserve cet achat, son tout premier.
Le néo-propriétaire a parfaitement
conscience que la somme
déjà conséquente n’est pourtant
pas un gage de réussite. « Il faisait
partie des quelques chevaux
que j’avais cochés sur le catalogue
en raison de la production de sa
mère, se souvient-il. Loïc Abrivard
qui m’accompagnait a validé mon
choix après l’avoir vu en piste. Moi,
j’ai eu le coup de foudre sitôt que
e l’ai vu e m’étais fixé un budget
maximum de 30 000 €. Autant
dire que si cela n’avait pas été, il n’y
aurait pas eu d’autres achats. » Et la
casaque noire à croix lorraine bleu
n’aurait peut-être jamais été de sortie
sur un hippodrome…
Cyril Sevestre a pourtant bien cru
que l’histoire allait effectivement
s’arrêter nette très rapidement. Les
premiers échos en provenance de
l’écurie Abrivard ne sont pas bons.
Attelé, le poulain ne met pas un
pied devant l’autre. Six ans plus
tard, il n’a d’ailleurs toujours pas
pris un centime dans cette spécialité
où il n’a couru que deux fois il
est vrai. « C’est bien simple, on ne
peut même pas le préparer à l’attelé
pour une course au monté, car il
va deux fois moins vite », en sourit
aujourd’hui son propriétaire. Mais,
à l’époque, pour avaler la pilule, ce
n’est pas de sourire dont a besoin
Cyril Sevestre mais de patience.
« Quand Loïc Abrivard m’a parlé
de le vendre, ça m’embêtait car
j’aime mon cheval. au final, je n’en
ai jamais fait une histoire d’argent.
Ça a été notre réussite d’agir ainsi.
» Essayé au monté, Vinci Pierji dévoile
des capacités insoupçonnées
jusque-là. Son avenir est définitivement
assuré quand il débute au
printemps de ses 3 ans au Mans.
« Premier cheval, premier partant,
première victoire ! Sur le coup, on
ne comprenait pas trop, car on
était un peu tous dans le doute.
« Je n’en ai jamais fait
une histoire d’argent »
C’est déjà avec femme et enfants
que Cyril Sevestre vit l’événement.
Mais l’euphorie va être de courte
durée… « Premier cheval, premier
partant, première victoire et première
blessure dans la foulée ! »,
ajoute-t-il aussitôt.
Une constante qui va accompagner
la carrière de Vinci Pierji, ce qui ne
l'a pas empêché samedi dernier
de passer le cap des 400 000 € de
gains. « Tout de suite, on a été plongés
dans la réalité de la vie de propriétaire,
estime ainsi le Francilien.
L'hiver suivant, alors que le cheval
était à Grosbois, le meeting s’est très
mal passé. Puis, l’été suivant, il a ga
gné à Pornichet et à Caen. C’est un
cheval souffreteux, qui a fait notamment
toute sa carrière avec un petit
bout d’os dans un genou. Quand
il ne fait pas ses courses, c’est soit
parce qu’il a la poisse, comme lors
du meeting d’hiver 2016-2017, soit
parce qu’il ressent des douleurs,
car il a mal au dos depuis l'âge de 3
ans. Avec lui, c’est simple, je ne jure
plus de rien. On a aussi de bonnes
surprises, comme lorsqu'il a gagné
à Enghien il y a un an à la sortie
d’un meeting catastrophique ou
comme samedi dernier où j'aurais
signé pour une sixième place avant
le coup après un début de meeting
pas terrible. » De sixième, il fut bien
question mais de victoire, puisque
Vinci Pierji signait là sa sixième victoire
à Vincennes.
Ces montagnes russes n’ont jamais
remis en cause l’affection que
toute la famille Sevestre porte à ce
proche parent d'Ecu Pierji (la mère
de celui-ci est une sur du fils de
Meaulnes du Corta). « À la maison,
on ne vit que pour ça ! C’est comme
une histoire d’amour. Six mois après
l’avoir acheté, je m’inquiétais déjà
de la fin de sa carrière. C’est sur
qu’on va être malheureux car on est
plus proche de la fin que du début,
mais on va continuer à en profiter
un maximum », se projette déjà ce
conducteur de travaux en maçonnerie
qui n'a pas été aussi heureux
dans ses achats suivants. « Ça
montre qu'on a été très chanceux
avec lui », s'empresse-t-il d'ajouter
"Matthieu Abrivard et personne d’autre"
Turfiste passionné, Cyril Sevestre fréquente assidûment les hippodromes
et pas seulement ceux de la région parisienne où il habite.
C’est ainsi qu’il avait repéré depuis longtemps Matthieu Abrivard. «
Matthieu me plaisait comme personnage, justifie-t-il. Je le trouvais sincère,
honnête et sérieux. J’avais donc décidé que, le jour où j’aurais un
cheval, ce serait chez lui ou personne d’autre. » S
"Une retraite programmée sous forme de cadeau"
Très attaché à son cheval, Cyril Sevestre a déjà anticipé le jour où la
retraite sonnera pour Vinci Pierji. « Au départ, je voulais acheter un pré
pour m’occuper de lui, confie-t-il. mais après réflexion, je vais l’offrir à
sa lad, Virginie Plassais, qui s’en occupe depuis longtemps et auquel
«Vinci» est très attaché. D’ailleurs, quand il stationne à Grosbois, période
pendant laquelle j’essaye de me rendre tous les quinze jours avec ma
femme et mes enfants, on voit bien qu’il n’a pas le même comportement
car Virginie reste à la campagne. Nous lui devons bien ça. »